L’Hôtel de Ville et son parc

Le monastère des Clarisses

Jusqu’au XVIIème siècle, la ville de Beaumont était enserrée dans son mur d’enceinte avec ses portes d’entrée, mais ses maisons anciennes, entassées et enchevêtrées, tombaient peu à peu de vétusté. Aussi, lorsque, à la demande de la population, des religieuses Clarisses vinrent à Beaumont pour établir leur monastère, elles cherchèrent hors de la ville et portèrent leur choix sur une « grande maison manable », ses dépendances, « cour et issues, jardins et verger, noë de pré et parcelle de terre labourable ». Cette grande maison s’appelait le Mortier ou Moustier-Neuf, et occupait tout l’emplacement de ce qui est actuellement la Place de la Libération, l’Hôtel de Ville et son jardin.

L’acte de fondation fut signé le 18 Novembre 1632 avec « Messire Lancelot de Barat, seigneur de Brunelle, gouverneur de la ville, demeurant à la Bussonnière, fondateur du monastère avec son épouse.

En 1642, l’enclos des religieuses comportant des jardins en terrasses fut agrandi des champs du bordage de la « Roche » se situant de l’autre côté du petit ruisseau formant une pièce d’eau afin d’y établir un verger.

Ce monastère fut aboli en Novembre 1749 et les bâtiments, non occupés, tombèrent en ruine. La propriété fut alors démantelée. Le Maréchal de Tessé, seigneur de Beaumont et gouverneur du Maine ayant obtenu que la nouvelle route royale passât par la ville de Beaumont, dès le mois de Mai 1776, la chaussée fut réalisée au milieu de ce qui avait été le monastère.

L’hôtel particulier de Messire Perrochel

Le 28 Octobre 1776, Messire Louis-Jacques-Charles-François de Perrochel, Chevalier, seigneur de Saint-Aubin-de-Locquenay, Moitron, Saint-Germain-de-la-Coudre et autres lieux, se présenta devant l’Assemblée de l’Hôtel de Ville et lui demanda qu’on voulut bien « lui donner à titre de rente foncière annuelle et perpétuelle le jardin clos à murs dépendant de l’ancien couvent du-dit Beaumont, au bas duquel est un canal, ensemble 24 pieds à prendre dans le verger qui est au-delà, ainsy que le terrain où était l’ancien bâtiment des religieuses. »

Puis, le 20 Janvier 1777, Monsieur de Perrochel sollicita de faire l’acquisition du restant du verger considérant qu’il lui était absolument nécessaire « tant pour l’utilité de la maison qu’il se proposait de bâtir que pour sa décoration ». Il fit donc construire son hôtel particulier, devenu depuis l’Hôtel de Ville, de 1777 à 1779, remettant en état les différentes terrasses du jardin sur le versant Est. C’est lui également qui remit en état la douve, la pièce d’eau, le déversoir et la vanne de vidange. Sur le versant Ouest entièrement occupé, auparavant, par le verger des religieuses qui s’étendait jusqu’à la route d’Assé-le-Riboul, Monsieur de Perrochel conserva à la partie haute sa destination de verger. Ce verger exista jusqu’à l’époque récente où il fut loti.

La partie basse jouxtant le bassin fut aménagée en jardin et un petit édifice en forme de Tour, rappelant le mouvement architectural de l’arrière de l’Hôtel, fut construit en sa limite avec le verger, dans l’axe de la propriété. Aujourd’hui disparu et remplacé vers 1935 par la « buanderie », le vieux plan cadastral de 1835 conserve la trace de sa forme arrondie.

Avec la Révolution et ses mouvements profonds de société, la propriété changea plusieurs fois de mains :

  • Tout d’abord elle fut acquise par la famille Delelée, célèbre à Beaumont, un de ses membres ayant été Maire de Beaumont,
  • Puis par Monsieur et Madame Seguin le 4 Juillet 1815,
  • Enfin par Monsieur et Madame Revelière le 25 Novembre 1825.

Mais, dans tous ces changements de propriétaires, de nombreuses modifications eurent lieu, non seulement dans ce qui fut le domaine des Religieuses, mais aussi dans les biens de « Perrochel ».

Ceux-ci, après la mort de Monsieur Revelière, échurent en héritage à sa nièce, Madame Dumas. C’est elle qui, le 10 Août 1873, vendit à la ville de Beaumont les bâtiments, Hôtel et dépendances, le jardin, le bassin et la partie de jardin au-delà du bassin. Le Conseil Municipal s’était rendu aux arguments du Maire de l’époque Monsieur Dumans, leur exposant « la nécessité absolue de pourvoir la ville d’une Mairie qui lui a toujours manqué et devenue indispensable aujourd’hui pour établir tous les services administratifs ».

L’Hôtel de Ville

Le bâtiment principal devint l’Hôtel de Ville agrémenté par-devant du Jardin anglais et de la grille en fer forgé du XVIIIème. Le vieux corps de bâtiments longeant la rue de Sillé servit de logis au Garde-Champêtre qui cultivait comme potager le jardin bordant l’arrière de l’Hôtel de Ville. Le jardin en étages était loué par parcelles comme jardins familiaux qui peu à peu trouvèrent de moins en moins d’adeptes. Quant à la partie se trouvant au-delà du bassin, elle fut peu à peu laissée à l’abandon, car d’accès difficile, et le bassin lui-même était mal entretenu, étant seulement utilisé comme point d’eau pour arroser les légumes des jardins qui le bordaient.

La création du parc

En 1933, Monsieur Quinet, propriétaire, depuis 1917, du verger et du bordage du Tertre des Religieuses, proposa au Conseil Municipal d’acheter le jardin qui le bordait jusqu’au bassin. Ce qui fut accordé à la séance du 15 Février 1933, mais signé seulement le 7 Juin car certaines réserves furent précisées le 16 Mars et le 18 Avril. Ce jardin fut ensuite partagé par des murets et un petit bâtiment à usage de buanderie fut construit à l’emplacement de l’ancienne tourelle. Il est toujours là.

Monsieur Quinet fit alors curer la douve à la pelle et avec une brouette… soit 6 mois de travail. Il put alors restaurer le mur du bassin de son côté. Sa proposition de faire de même sur le côté appartenant à la Ville n’ayant pas été retenue, cela explique l’état de cette rive, connu de beaucoup de Belmontais, lorsque le réaménagement du bassin a été entrepris : rive délabrée où poussaient arbres et arbrisseaux divers.

La restauration de ce jardin comporta plusieurs étapes. Tout d’abord la transformation du potager le long de l’Hôtel de Ville puis, circonstance totalement imprévue, mais très bénéfique pour cette opération, la proposition par Monsieur et Madame Alexandre Briolay, dont ils peuvent être remerciés, de vendre à la Ville ce qui avait été cédé à Monsieur Quinet par le Conseil Municipal en 1933, et même un peu plus. C’est ainsi qu’a pu être rétabli ce 20 Juillet 1994, dans sa partie essentielle, cet ensemble de jardins, sur les 2 versants, entourant le bassin XVIIIème. Et c’est alors la remise en état de ce bassin qui doit être curé, mais à la pelle mécanique cette fois. Cela permet de découvrir sous les aulnes et autres saules du côté Est, un mur semblable à celui de l’autre côté. Ces murs sont remontés, enduits et couronnés de pierres de granit.

C’est enfin, selon les plans et conseils de Jean-Luc Boulard, enfant du pays, ingénieur en chef territorial, la phase aménagement des terrasses, avec reprofilage et nivellement, réfection des murs de soutènement, tracé des allées, plantations et semis, escalier de liaison avec l’Hôtel de Ville et entrée monumentale.

L’inauguration officielle en a eu lieu le 14 Octobre 2000 par Monsieur le Sous-Préfet de Mamers et Monsieur Du Luart, Président du Conseil Général. Grâce soit rendue à tous les artisans de cette belle réalisation confiée aux Belmontais pour leur détente et leur repos dans le respect du travail de ceux qui y ont œuvré en y mettant le meilleur d’eux-mêmes.