1965 : découverte de deux obus dans le grenier de l’internat du Cours complémentaire

A l’occasion du centenaire de la Guerre de 1870-71, Charles Bodineau, directeur de l’école primaire des garçons a fait des recherches avec sa classe. Dans une publication réalisée avec ses élèves, intitulée « 1870-71, la guerre en Sarthe », on découvre dans les dernières pages ce texte savoureux.

« Lorsque nous nous sommes installés au 13 rue de la Gare, en septembre 1965, nous sommes arrivés dans une vé­nérable demeure, pittoresque certes, mais totalement dépourvue de confort.

Mon prédécesseur M. Lesève, avait même installé l’internat des filles du Cours Complémentaire dans la majeure partie du logement.

L’une de mes premières préoccupations fut d’aller inspecter les greniers : il y a toujours des trésors à ­découvrir sous les vieilles tuiles !

En fait de trésor, dans le deuxième grenier, je suis tombé sur un tas de vieilleries, entassées là depuis un siècle, sous des tonnes de poussière et de toiles d’araignées ! Nous décidâmes donc de nettoyer et c’est alors que dans un coin sombre, nous découvrîmes des vestiges de la Guerre de 1870 : des ceinturons racornis aux boucles mangées par la rouille, des képis déchirés et aux trois quarts dévorés par les mites, un morceau de veste, rien de récupérable, rien, sauf … deux obus en parfait état !

Il nous fallut alors alerter le service de déminage qui, ne pouvant se déplacer immédiatement, conseilla de placer dans le sous-sol de la Mairie, ces dangereux objets. Deux cantonniers et une brouette furent délégués pour effectuer le transport. Je n’ai jamais vu des cantonniers opérer avec plus de délicatesse et de lenteur mesurée. Délicatement posés dans la brouette, sur un lit de chiffons afin d’éviter le moindre heurt, les o­bus traversèrent la ville de Beaumont tout en douceur, choyés comme il n’est pas permis par M. B. et M. G. qui toute peur évacuée lorsque leur mission fut accomplie, furent persuadés qu’ils venaient de se conduire en héros.

Le café Cahoreau les accueillit et leur permit de se remettre de leurs émotions. Quant aux nombreuses générations de jeunes collégien­nes qui dormirent dans une certaine chambre de l’internat, elles étaient loin de se douter qu’au-dessus de leurs têtes, une véritable épée de Damoclès était suspendue…

Mais par bonheur, les derniers échos de la guerre de 1870 étaient évanouis depuis… presque un siècle ! »

Gaby Lamberdière
Conseiller Municipal